Roger ARNAUD (1913-1944)  

 

 

R.ARNAUD

 

Entrepreneur de travaux publics et de transports à Durfort, marié et père de cinq enfants (dont le dernier, Roger, est né six mois après son décès), Roger Arnaud est mobilisé en septembre 1939.

Pendant la « drôle de guerre » et les combats de Dunkerque, sa conduite héroïque lui vaut deux citations, l'une à l'ordre de l'Armée, l'autre à l'ordre de sa Division.

 

Il est fait prisonnier à Dunkerque en juin 1940.

Il est alors interné au stalag VIII C à Zagan, en Silésie orientale.

 

Ce stalag, établi d'abord, en 1939, pour les soldats polonais va regrouper, une année plus tard, 45000 prisonniers français.

 

 Grâce à un stratagème astucieux, Roger Arnaud parvient à s'évader : il se laisse enfermer dans un wagon plombé à destination de Paris. Là, aidé par divers cheminots français, il parvient à atteindre et à franchir la ligne de démarcation pour rejoindre Revel le 15 août 1941.

 

 

Une entreprise-maquis »

 

Dès ce moment, par l'entremise d'un de ses capitaines demeurant à Toulouse, il rallie la Résistance.

 Il utilise alors sa propre entreprise pour organiser un maquis au-dessus de Durfort et aider les autres résistants de la région.

 

Dans son « entreprise-maquis » Roger Arnaud cache de nombreux réfractaires du STO qui travaillent le jour à la carrière, et qui, la nuit, participent aux parachutages, au transport et à la distribution d'armes. Certains de ces parachutages avaient lieu dans la propriété des Arnaud, au Conquet, près de Saissac.

Le message de Radio-Londres les annonçant était souvent : « le gardien est à son poste », tandis que la liaison avec « la France Libre » était établie par le major Richardson du CFMN qui émettait souvent à partir de la briqueterie de J. Fontès, route de Castres.

Ce résistant sera, à la libération, élu conseiller municipal sur la liste de Roger Sudre.

 

La dénonciation

 

Raymond Durand, instituteur à Durfort, raconte, dans ses Mémoires, sa propre arrestation à l'aube du 3 mars 1944 ainsi que celles de Roger Arnaud et de 17 réfractaires (dont Fernand Maurel et Georges Martinel).

 

« Le 3 mars 1944, une cinquantaine de soldats du Service de Sécurité de la Gestapo, sous la conduite du capitaine Orthman, cernent le village de Durfort, dans une gorge de la Montagne Noire. Un jeune albigeois à la figure angélique, qui a de gros besoins d'argent, les guide('). Sous prétexte de se soustraire au STO, il est entré en relation avec une organisation de la résistance qui l'a amené à Durfort où M.Roger Arnaud, prisonnier évadé, exploite une carrière de pierre avec l'aide de réfractaires du STO... Tous les réfractaires sont arrêtés à l'exception de deux qui ont franchi le Sor malgré la fusillade. Sous la menace des armes, je dois conduire deux militaires chez le maire, M.Gabriel Malignon (...) Nous sommes ensuite conduits à la carrière et mis en présence de l'indicateur (qui nous reconnaît et qui confirme sa trahison). Le capitaine fait relever tous les noms (...) A Revel, Charles Arnaud, frère de Roger est joint à notre convoi...

 

Torturé à mort

 

 Vers midi, nous sommes incarcérés à Saint-Michel.

 Au cours de notre longue attente dans une cellule de passage, nous organisons notre défense : Roger Arnaud affirmera que nous n'avons aucun contact avec lui et que nous ne savons rien de ses activités... »

En effet, afin de décharger ses camarades, notamment le jeune Escande chez qui fut trouvé un émetteur clandestin ainsi que le Maire et le secrétaire de mairie de Durfort, Roger Arnaud prit sur lui toutes les responsabilités. Affreusement torturé, il ne dévoila jamais les noms de ses camarades qui n'avaient pas été arrêtés par la Gestapo. Roger Arnaud ne parla pas, lui qui en savait tant ...

Raymond Durand ajoute dans son livre :« Le hasard des passages dans les couloirs me met en présence de Roger Arnaud (...) Un coup d'œil de complicité, une parole, « ça va ?ça va ? », un sourire. La deuxième fois que je le vois, il a un bras en écharpe ; peu après, la troisième fois, ses deux bras sont suspendus à son cou. Mais son attitude témoigne de sa foi inébranlable en la victoire imminente... »

 

Un mois plus tard, le 8 avril 1944, Roger Arnaud meurt sous la torture des agents de la Gestapo à la prison Saint-Michel (où se trouve une plaque commémorative) ; son corps est découvert au charnier du chemin de Bordelongue...

Avant de mourir, Roger Arnaud dicte à l'aumônier une lettre pour son père ; cette lettre sera envoyée de Lyon, avec deux passages raturés par la censure de la Gestapo.

En voici des extraits : « Ce n'est pas moi qui t'écris car j'ai les deux bras abîmés (...) Dans quelques instants, je vais aller retrouver maman et Guy (...) J'espère que vous vivrez bientôt des jours plus heureux. Je vous embrasse tous. Je regrette de vous quitter ; je ne regrette pas d'avoir fait mon devoir » Et malgré ses membres brisés et la souffrance endurée, il signe lui-même « Roger » et ajoute d'une écriture malhabile : « Vive la France ».

 

 

Un hommage mérité

 

Le 13 septembre 1944, le Comité local de Libération organise une imposante et émouvante manifestation pour la levée du corps, l'office religieux et l'inhumation de Roger Arnaud au cimetière de Revel où il repose désormais aux côtés des siens.

« À la nouvelle de l'arrivée du corps de Roger Arnaud, tous les magasins de Revel se ferment et la population, d'un élan spontané, se rend au Rond sous une pluie battante qui semblait associer le ciel revélois à la douleur de tous ...Le président du CLL (R. Sudre), devant le caveau de famille, évoque la vie du héros supplicié, son œuvre clandestine, son activité inlassable, son courage indomptable pendant le calvaire que lui fit subir, un mois durant, la barbarie de nos ennemis, son mutisme qui sauva tout le réseau de résistance de la région... Un détachement du C.F.M.N. rendit les honneurs à celui qui n'eut pas la joie d'assister à la Libération, mais qui restera, dans la mémoire des Revélois, comme le modèle parfait du plus pur patriotisme. »( Extraits du journal « La Victoire »).

 

Le lendemain, le Comité de Libération décide de donner le nom de Roger Arnaud au terrain de sport de Revel.

Plus tard, une avenue de Revel portera le nom des Frères Arnaud.

À noter qu'une place de Toulouse (près de l'Avenue de Revel) porte également son nom.

 

Roger Arnaud est décoré de la Médaille des Évadés, de la Médaille de la Résistance et il est Chevalier de la Légion d'Honneur.

 

 
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